Nombre de scénarios (de livres, films, séries…) délaissent le clown drôle et présentent ce personnage sous un angle peu réjouissant. Clown triste, clown méchant ou carrément psychopathe : on en oublierait presque que le clown est d’abord un personnage comique !! En effet, dans l’univers du cirque et plus largement du spectacle vivant, il s’agit presque toujours d’un vrai pitre, chargé d’amuser les spectateurs. Une mission sûrement plus difficile que celle qui consiste à faire peur ou à inspirer de la pitié… « Il n’y a rien de plus dur que de faire rire »
, confiait ainsi l’acteur Pierre Richard dans une récente interview du Nouvel Obs. « Faire rire est plus difficile que faire pleurer »
, affirme aussi l’humoriste Franck Dubosc dans un entretien avec Ouest France. Mais alors, comme s’y prend un clown qui fait rire son public ? Voici quelques tuyaux de clown rigolo !
Un clown drôle est toujours très expressif
Un clown drôle fait rarement dans la demi-mesure ! Si certains humoristes en vogue optent à dessein pour l’anti-jeu (posture statique, voix monocorde, visage inexpressif…) en vue de faire rire leur public, ce n’est pas le cas de l’auguste. Le crédo du clown comique, c’est toujours l’exagération. S’il n’est à aucun moment dans l’exubérance (dans ses gestes, ses mimiques, ses réactions), il peut difficilement déclencher des fous rires. C’est d’autant plus vrai s’il s’adresse essentiellement à un tout jeune public. Les enfants en bas âge ont besoin d’émotions franches pour bien saisir toute la dimension humoristique d’un spectacle de clown. La joie, la tristesse, la peur, le dégoût, la colère ou encore la surprise (les émotions primaires) doivent se manifester sans ambiguïté.
Un clown drôle est donc un comédien particulièrement expressif. Il sait moduler sa voix très facilement et possède une large palette de grimaces et autres expressions amusantes. De même, il n’est pas avare de gestes pour accentuer ses émotions. Poings sur les hanches pour exprimer le mécontentement et sur les yeux pour suggérer un sanglot, bras en l’air pour manifester sa joie ou sa surprise, etc.
Un costume et un maquillage soignés
Que ce soit sur scène (spectacle d’arbre de Noël, kermesse, show comique…) ou dans la foule (spectacle de rue, animation en magasin, grand rassemblement familial, etc.), un clown rigolo ne passe jamais inaperçu ! Et pour cause, sa tenue se voit de loin et son maquillage est très caractéristique. Attirer les regards et retenir l’attention, c’est une bonne base pour susciter l’intérêt, puis les rires.
Le costume et le maquillage d’un clown censé faire rire se doivent d’être particulièrement travaillés. Dès lors, exit les costumes de clown pas cher et autres déguisements de carnaval. Vus et revus, ces modèles manquent de finesse et d’originalité, et donc de potentiel comique. Un clown professionnel a tout intérêt à faire appel aux services d’un·e costumier·e ou couturier·e. En amont, il réfléchit à l’apparence qu’il veut donner à son clown, pour qu’elle soit le juste reflet de sa personnalité. S’il est gaffeur, rêveur ou encore malicieux, il est bon que cela se remarque d’entrée de jeu, au travers de son costume.
Par ailleurs, on oublie le maquillage premier prix qui ne tient pas dans le temps (ou qui ne tient pas tout court !). De quoi aurait l’air un clown qui, sur scène, n’aurait plus qu’une légère trace de fard rouge sur son nez au milieu du spectacle ? Et si le maquillage qui lui fait une large bouche rouge se met à baver, adieu le clown marrant et bonjour le clown sanguinolent d’Halloween !! Pour bien choisir et appliquer ses fards gras, voir notre article consacré au maquillage de clown.
Enfin, il est judicieux de s’entraîner à se farder et à porter un costume de clown, et ce bien avant de jouer ses premiers numéros. Les enfants constituent un public très exigeant, bien plus qu’on ne l’imagine de prime abord ! Se maquiller en clown ne s’improvise pas. Il est vraiment utile de faire divers essais pour savoir ce qui nous va et ce qui colle à notre personnage, pour trouver sa propre « identité de clown ». Il faut ensuite se faire la main pour réussir à reproduire facilement le même maquillage avant chaque prestation. Être à l’aise dans sa tenue compte également. On doit pouvoir conserver une grande liberté de mouvements tout au long de son animation. S’exercer à marcher avec des chaussures de clown est nécessaire aussi. Une vraie chute est parfois plus comique qu’une fausse, mais le rire est alors souvent de courte durée !
Des gags sonores et visuels
Le son est un bon moyen de renforcer le comique d’un gag. Ainsi, bon nombre de clowns comiques s’appuient sur des effets sonores. Klaxon pouet, clochettes, bruitages enregistrés… : les possibilités ne manquent pas. Un bruit soudain est efficace pour faire sursauter puis pouffer de rire.
Un clown musicien part avec un grand avantage. Rien de tel que des instruments de musique pour capter l’attention des enfants et créer une ambiance joyeuse. Néanmoins, la voix constitue aussi un formidable instrument ! Rire fort ou étouffé, voix grave ou perchée, onomatopées étranges : à chacun sa signature vocale pour mettre en joie les spectateurs.
Pour créer des gags visuels, le clown rigolo se dote généralement de divers accessoires. Chapeaux, cannes, fleurs qui arrosent ou encore ballons à modeler : qu’importe la panoplie, pourvu qu’elle déclenche l’ivresse… du rire ! Détourner des objets du quotidien est un bon moyen de créer de l’amusement par effet de surprise. Dans tous les cas, il convient de bien s’exercer à manipuler ses accessoires pour que les gestes soient fluides. Avis aux clowns patauds ou peu dégourdis : mimer la difficulté gestuelle suppose aussi de l’entraînement !
Lors d’un spectacle, il est classique de sortir les accessoires d’une valise au fur et à mesure des numéros. Ce n’est pas par hasard, car le public ressent une certaine effervescence lorsque l’artiste s’approche de sa mallette de clown pour en sortir un nouvel ustensile improbable. Suspense… souffle coupé… surprise… éclats de rire !
Un corps en mouvement
Qu’il soit sur un mini podium de rue, dans un salon, devant une table d’un repas de mariage ou encore sur une grande estrade, l’auguste doit occuper pleinement l’espace scénique. En se mettant à courir, en faisant de grands gestes, il relance l’attention du public. Il le maintient alors plus facilement dans son monde burlesque. Un clown qui fait rire sait transporter et garder les spectateurs dans son univers déjanté.
Acrobaties ratées, chutes granguignolesques, pas de danse ridicules et autres gestes maladroits amusent grandement les bambins. On ne se prive pas du potentiel comique de ces mouvements pour déclencher l’hilarité ! Bien sûr, cela nécessite beaucoup d’entraînement. Il faut d’une part apprendre à trébucher sans se blesser et d’autre part réussir à être crédible aux yeux des enfants.
Les accessoires donnent vie aux sketchs en incitant le clown à se mouvoir. L’auguste fera par exemple de grands gestes en sculptant son ballon de baudruche. Il gonflera ses joues pour souffler très fort dans son trombone ou autre instrument à vent.
De nombreuses interactions avec le public
Un spectacle de clown est toujours beaucoup plus divertissant s’il implique son public. Poser des questions aux spectateurs, les faire chanter en chœur ou taper en rythme dans leurs mains : voilà quelques techniques efficaces pour les rendre pleinement acteurs du show. Les petits comme les grands aiment se sentir en connivence avec le clown.
Pour créer des situations imprévues et drôles, il est opportun de faire monter sur scène un ou plusieurs volontaires. Un numéro avec le public laisse de la place à l’improvisation, mais doit être bien travaillé en amont pour rester sur les rails. Rien de tel pour entendre le public s’esclaffer que de lui faire croire cependant que rien ne se passe comme prévu pour le pauvre clown. À tout âge, on se bidonne en voyant cet énergumène qui reste empêtré dans une situation problématique malgré toute l’énergie qu’il déploie pour s’en sortir !
En somme, être un clown qui fait rire ne s’improvise pas. Mouvements, expressions, tenue, maquillage… : rien n’est laissé au hasard. Il ne faut négliger aucun détail et surtout, beaucoup pratiquer. De l’expérience naît l’aisance. Un bon comique a aussi eu des ratés. Il a appris de ses succès comme de ses flops, pour ne conserver que le meilleur ! Et comme tout art, le jeu clownesque n’est pas donné à tout le monde. Certaines personnes ont naturellement plus d’aisance que d’autres à endosser le rôle d’un auguste. Le secret d’un clown drôle, c’est donc à la fois tout ce qu’on a vu dans cet article, mais aussi beaucoup de talent et d’entraînement !